Secret inavouable et choquant du COP : au moins la moitié du bois de balsa utilisé pour les pales des éoliennes provient de l’exploitation forestière illégale dans les forêts amazoniennes

Dans son dernier article, le journaliste Chris Morrison révèle que plus de la moitié du bois de balsa utilisé dans les pales des éoliennes provient de l’exploitation illégale des forêts tropicales amazoniennes, remettant en question les mérites écologiques du développement des énergies vertes.

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Chris Morrison
Date: 12 novembre 2025

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La protection de la forêt amazonienne est l’un des principaux objectifs de la COP30. Le choix de Belém, au Brésil, comme lieu de la conférence vise à souligner le rôle crucial que jouent ces forêts dans la régulation du climat mondial, la biodiversité et le stockage du carbone. Il est déjà regrettable que 100 000 arbres matures aient dû être abattus pour construire une « autoroute de la honte » afin de faciliter les déplacements des délégués de la COP cette semaine et la semaine prochaine. Mais un scandale bien plus grave, que le  Daily Sceptic  porte aujourd’hui à l’attention du grand public, est l’exploitation illégale du bois de balsa dans la forêt amazonienne équatorienne pour répondre à la demande croissante des fabricants d’éoliennes, principalement chinois. Ce bois, à la fois résistant et extrêmement léger, est si recherché qu’on estime qu’au moins 50 % de la demande mondiale de balsa est actuellement satisfaite par l’exploitation illégale de forêts primaires.

Les qualités uniques du bois de balsa en font un matériau idéal comme noyau des pales géantes des éoliennes. Le pays d’Équateur produit plus de 90 % du balsa grâce à des conditions climatiques particulières dans cette région des Amériques. Auparavant, la majeure partie provenait de plantations, mais la ruée vers le balsa des cinq dernières années a épuisé ces ressources-là, et les pénuries ont été compensées par le pillage de la forêt tropicale. Et le terme « pillage » n’est pas exagéré, puisque des arbres sont apparemment prélevés dans certaines des zones les plus protégées de la forêt équatorienne.

L’an dernier, l’Environmental Investigation Agency  a publié un rapport accablant  révélant que de nombreux producteurs mélangeaient du bois de plantation avec du balsa sauvage récolté illégalement dans les forêts amazoniennes, notamment dans la réserve de biosphère de Yasuni, où vivent des populations autochtones isolées. Son principal constat est reproduit ci-dessous :

Selon l’enquête de l’EIA, cette demande croissante a eu des conséquences durables. Il semblerait que depuis le boom du balsa de 2019-2020, l’ensemble du secteur de production reste dépendant de l’exploitation des forêts naturelles, avec un mélange de bois issu de plantations et de forêts naturelles qui varierait entre 10 % et 70 % selon les exportateurs. Ces pratiques de mélange en Équateur ont des répercussions à l’échelle mondiale.

Étrangement, ce rapport alarmant, qui remet sérieusement en cause l’éthique de la production d’éoliennes, est passé inaperçu dans les grands médias. L’EIA n’est pas une petite organisation inconnue, mais une  ONG importante et bien financée,  fondée en 1984 au Royaume-Uni, avec des bureaux aux États-Unis et en Europe. Le fantasme du « zéro émission nette » éxige de recouvrir la planète d’éoliennes, ce qui, de toute évidence, l’emporte sur toute considération écologique. Des millions de chauves-souris et d’oiseaux peuvent périr, des baleines s’échouer sur les côtes et des écosystèmes locaux entiers se faire perturber, mais les militants politiques  semblent indifférents. Leurs interventions se limitent souvent à justifier et à accepter les conséquences écologiques au nom de « l’intérêt général du zéro émission nette ». Par exemple, au Royaume-Uni, le « Bat Conservation Trust » (Association pour la préservation des chauves-souris) affirme que le « changement climatique » constitue une menace importante pour les populations de chauves-souris. « Nous avons besoin d’énergies renouvelables pour atténuer le changement climatique, pour le bien des chauves-souris, des populations humaines et de l’environnement en général », ajoute-t-il.

Jusqu’à récemment, le bois de balsa représentait un marché restreint, son utilisation se limitant à la fabrication de modèles réduits d’avions et de planches de surf. L’essor du balsa, alimenté par la demande de pales d’éoliennes, porte aujourd’hui la valeur annuelle de ce marché à au moins 200 millions de dollars. Le balsa ( Ochroma pyramidale ) pousse rapidement dans les conditions tropicales appropriées. Sans l’énorme demande engendrée par l’industrie éolienne, il pourrait être exploité durablement dans des plantations. Or, la demande actuelle et persistante a épuisé de nombreuses plantations et déboisé des zones entières de forêt tropicale vierge. Dans son milieu naturel, le balsa comble souvent les clairières. Son exploitation crée des espaces dénudés soudains qui perturbent les écosystèmes complexes abritant des milliers d’espèces animales et végétales. Bien que sa croissance soit rapide dans les sols riches, sa régénération en forêt tropicale peut être beaucoup plus lente en raison de la pauvreté du sol et de l’érosion locale causée par la disparition de la canopée.

Aujourd’hui encore, le bois de balsa présente de nombreux avantages comme matériau de base pour les noyaux de pales d’éoliennes, comparativement aux mousses en plastique. Sa résistance et sa rigidité supérieures à celles des mousses synthétiques permettent d’utiliser des couches plus fines dans les zones de forte contrainte, comme l’emplanture de la pale. On peut ainsi réduire le poids total sans compromettre la solidité de l’ensemble. Le prix du bois de balsa est généralement considéré comme compétitif, notamment en raison de l’augmentation considérable de la production de bois de plantation, alimentée par l’exploitation forestière illégale.

Le rapport de l’EIA mérite d’être lu intégralement. Les médias grand public pourraient même envisager de relayer ses conclusions. Les enquêteurs de l’EIA ont visité de nombreux sites d’exploitation forestière illégale et ont constaté que la plupart, sinon la totalité, des exportateurs se sont rapidement tournés vers les forêts naturelles comme « solution de remplacement pratique et immédiatement disponible » lorsque les plantations ont été rapidement épuisées de leurs vieux arbres, en début de décennie. Il a été établi que le balsa a été extrait au cœur de l’Amazonie équatorienne, « en grande partie dans les derniers paysages forestiers intacts du pays ». Ces zones seraient des aires protégées uniques et des territoires indigènes emblématiques. Des négociants auraient déclaré à l’EIA que l’exploitation du balsa se déroulait « du nord au sud dans la plupart des provinces amazoniennes du pays ».

L’EIA a recommandé aux fabricants de pales d’éoliennes et aux développeurs de parcs éoliens de suspendre l’utilisation du balsa jusqu’à ce que les chaînes d’approvisionnement équatoriennes soient tracées et transparentes. À cette question, comme le chantait un jour Ed Miliband, alors secrétaire d’État britannique à l’Énergie, la réponse est dans le vent.

Traduit par Eric Vieira

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Chris Morrison

Chris Morrison est un ancien journaliste financier et éditeur. Il est rédacteur en chef de la rubrique Environnement du Daily Sceptic, où cet article a été publié le 10 novembre 2025. Suivez Chris sur X.

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By |2025-11-13T09:51:47+01:00November 12, 2025|Comments Off on Secret inavouable et choquant du COP : au moins la moitié du bois de balsa utilisé pour les pales des éoliennes provient de l’exploitation forestière illégale dans les forêts amazoniennes
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