Encore une erreur de PBS : l’ONU diffuse un autre faux rapport sur la crise climatique

Découvrez pourquoi ce nouveau rapport de l’ONU sur le climat, et sa couverture par PBS, pourraient ne pas présenter toute la vérité — et ce que cela signifie pour la compréhension publique des sciences du climat.

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Anthony Watts
Date: 18 décembre 2025

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Un récent reportage de PBS NewsHour, intitulé « L’ONU affirme que le monde doit s’attaquer conjointement aux problèmes du changement climatique, de la pollution, de la biodiversité et de la perte de terres », signé Tammy Webber de l’Associated Press (AP), relate une nouvelle publication de l’ONU intitulée « Perspectives de l’environnement mondial » qui reprend l’affirmation erronée selon laquelle la Terre approche un point de non-retour, qui ne pourrait être évité qu’au prix de « changements sans précédent » et de milliers de milliards de dollars d’investissements supplémentaires pour l’élimination progressive des énergies fossiles. Ces affirmations sont fallacieuses et ne reposent sur aucune donnée ni preuve observable. En réalité, l’ONU a un long historique de prévisions de catastrophes liées au changement climatique qui se sont révélées erronées, et ce depuis 1989, un fait que PBS passe sous silence.

Webber écrit : « Des experts ont averti que le monde s’approche d’un point de non-retour concernant le changement climatique, la disparition des espèces, la perte de terres et d’autres dommages », citant Bob Watson, principal auteur du rapport de l’ONU : « Il faut agir vite, car le temps presse. » Où avons-nous déjà entendu cela ? Ah oui, dans le dernier rapport de l’ONU sur l’état de la planète, et celui d’avant, et celui d’avant encore, en remontant jusqu’aux années 1980.

L’article et le rapport affirment en outre que le changement climatique « contribue à des phénomènes météorologiques extrêmes plus violents, notamment des tempêtes plus intenses, des sécheresses, des vagues de chaleur et des feux de forêt », et que seule une transition mondiale rapide pour abandonner les combustibles fossiles peut éviter la catastrophe.

Un rappel historique s’impose. Ce n’est pas la première fois que l’ONU annonce que « le temps presse ». En  1989, soit 36 ​​ans après le début du réchauffement climatique, Noel Brown, du Programme des Nations Unies pour l’environnement, déclarait à l’Associated Press  que « des nations entières pourraient disparaître de la surface de la Terre à cause de la montée des eaux » si le réchauffement climatique n’était pas enrayé d’ici l’an 2000. Il prévoyait alors une élévation du niveau de la mer pouvant atteindre un mètre d’ici là, des inondations côtières massives au Bangladesh et en Égypte, et une vague de réfugiés climatiques.

Plus de trente ans après, chacune de ces prédictions s’est révélée non seulement fausse, mais aussi extrêmement inexacte.  Le rapport « Élévation du niveau de la mer » du magazine « Climate at a Glance » s’appuie sur des données marégraphiques à long terme et des données satellitaires de la NASA montrant une élévation du niveau de la mer d’environ 3 cm par décennie, avec, au mieux, une légère accélération depuis le XIXe siècle. Nous n’avons pas non plus constaté les millions de  « réfugiés climatiques » annoncés par l’ONU. Les Maldives sont toujours en surface, le Bangladesh est plus peuplé que jamais et la « fenêtre de dix ans » pour éviter la catastrophe a été dépassée tellement de fois qu’elle est devenue caduque.

PBS/AP n’évoque jamais ce bilan négatif. Elle ne reconnaît pas non plus que l’ONU a présidé à ce jour plus de 30  Conférences des Parties (COP) sans modifier la trajectoire fondamentale des émissions mondiales ni celle de la température mondiale, comme le montrent les figures 1 et 2 ci-dessous.

Figure 1. Graphique de toutes les conférences des Nations Unies sur le climat de 1992 à 2025 avec
la concentration mondiale de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Graphique de base de la NOAA, annotations par A. Watts. Source : https://gml.noaa.gov/ccgg/trends/

Figure 2. Graphique de toutes les conférences des Nations Unies sur le climat de 1992 à 2025 avec la température annuelle mondiale. Graphique de base de la NOAA, annotations de A. Watts.
Source :  https://www.ncei.noaa.gov/access/monitoring/climate-at-a-glance/global/time-series/globe/land_ocean/tavg/12/12/1980-2024?filter=true&filterType=binomial

Même les analystes les plus favorables reconnaissent que l’Accord de Paris de l’ONU sur le climat de 2015  n’a pas tenu ses promesses. Comme le soulignait « Climate Realism »  dans son article « l’ Accord de Paris : mort à 10 ans (James Hansen avait raison) »,  l’ancien scientifique de la NASA, James Hansen, qualifiait l’Accord de « supercherie » et de « vaines promesses », car il n’y a « aucune action, seulement des promesses », un constat que la décennie suivante a largement confirmé. Quand, malgré 30 sommets, les émissions atteignent encore un niveau record en 2024, comme le rapporte PBS, on ne peut pas parler de succès ; il s’agit d’un échec de plus dans la longue liste des tentatives infructueuses pour atteindre des prévisions maintes fois démenties.

L’article exagère également ce que les données d’observation climatique montrent réellement concernant les « phénomènes météorologiques extrêmes ». Le  sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (AR6)  constate une confiance accrue uniquement pour certains types d’extrêmes (tels que les vagues de chaleur et les fortes précipitations dans certaines régions), tout en concluant qu’il n’existe qu’une confiance faible ou limitée dans les augmentations mondiales de nombreux autres phénomènes, notamment les ouragans, les inondations et les sécheresses.

Les articles du site « Climate at a Glance » sur les « Décès dus aux phénomènes météorologiques extrêmes » et les « Décès liés à la température »  ​​mettent en lumière un fait crucial que PBS omet de mentionner : au cours du siècle dernier, les décès liés au climat ont chuté de plus de 95 %, alors même que la population mondiale a quadruplé et que les températures ont augmenté. Des analyses indépendantes, telles que l’étude de « HumanProgress » sur la mortalité liée aux catastrophes, montrent que les décès liés au climat sont passés d’environ 485 000 par an dans les années 1920 à moins de 20 000 par an dans les années 2010, soit une baisse de plus de 99 % par habitant, comme l’illustre leur graphique ci-dessous.

Figure 3. Décès dus aux catastrophes naturelles, 1900-2016.
Source : https://humanprogress.org/trends/a-safer-world/

 

Ce n’est pas à cela que ressemble « manquer de temps ».

PBS/AP brouillent davantage la frontière entre la science objective et le plaidoyer politique en répétant que nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2,4 °C d’ici 2100 et que seule une transition énergétique de 8 000 milliards de dollars par an pour abandonner les énergies fossiles peut nous sauver. Ces chiffres ne sont pas le fruit de mesures météorologiques, marégraphiques ou statistiques agricoles ; ils résultent de modèles économiques et climatiques imparfaits et inadaptés, construits sur de longues chaînes d’hypothèses concernant les technologies, les comportements et les politiques futures. Le sixième rapport annuel de l’ONU met en garde contre les grandes incertitudes qui caractérisent ces « trajectoires » modélisées, les conséquences mondiales dépendant de scénarios socio-économiques hautement spéculatifs. Présenter ces projections comme des fatalités plutôt que comme des exercices de raisonnement conditionnel relève du plaidoyer, et non du journalisme.

PBS/AP passe également sous silence le fait que nombre des dommages qu’elle recense – dégradation des sols, perte de biodiversité, pollution – ont des causes et des solutions largement indépendantes de la politique climatique. La déforestation en Amazonie, l’appauvrissement des sols dans certaines régions d’Afrique ou la pollution plastique des rivières ne sont ni une cause ni une conséquence du réchauffement climatique, et ne seront pas résolus par la neutralité carbone. En insistant sur le fait que « si nous ne résolvons pas le problème du changement climatique, nous ne pourrons pas résoudre ces autres problèmes », comme le déclare un scientifique cité, PBS instrumentalise de fait des préoccupations environnementales légitimes pour justifier des actions climatiques sans rapport avec le sujet et hautement spéculatives.

Ce que l’article et le rapport de l’ONU ignorent complètement, c’est le rôle crucial qu’a joué une énergie abordable et fiable, essentiellement composée de combustibles fossiles, dans le renforcement de la résilience des sociétés humaines face aux aléas climatiques. L’agriculture mécanisée, les engrais de synthèse, les systèmes modernes de protection contre les inondations, la climatisation et la rapidité d’intervention en cas de catastrophe dépendent tous d’une énergie abondante et disponible à la demande. C’est pourquoi le nombre de décès liés au climat, tel que documenté par « Climate at a glance » a chuté de façon spectaculaire au cours du siècle dernier. Pourtant, la solution préconisée par l’ONU, approuvée sans réserve par PBS/AP, consiste à supprimer progressivement et rapidement les sources d’énergie mêmes qui ont sorti des milliards de personnes de l’extrême pauvreté, en se basant sur des prévisions qui se sont maintes fois révélées fausses.

« Climate Realism » dénonce ce phénomène depuis des années. L’article « Le rapport de la CCNUCC sur le climat ment sur ses propres données scientifiques » souligne comment les instances politiques de l’ONU avancent régulièrement des affirmations catégoriques sur une « intensification des destructions » qui ne sont étayées par aucune évaluation scientifique propre de l’ONU. Ces évaluations constatent en effet peu ou pas de changement dans la plupart des phénomènes météorologiques extrêmes et des tendances en matière de catastrophes naturelles. Dans « Les prévisions du GIEC de 1990 étaient encore pires que prévu », « Climate Realism » analyse les premières prévisions du GIEC concernant le réchauffement rapide et la montée du niveau de la mer et démontre leur surestimation de la réalité. Malgré cela, chaque nouveau rapport est présenté comme « le plus complet jamais réalisé » et sert de prétexte à des demandes toujours plus pressantes de refonte radicale et sans précédent de l’économie mondiale et des institutions de gouvernance.

PBS/AP aurait pu informer son public que l’ONU passe depuis plus de trente ans à annoncer des catastrophes imminentes, depuis la « fenêtre de dix ans » de 1989 jusqu’à l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris, en passant par l’appel actuel à 8 000 milliards de dollars par an pour la lutte contre le changement climatique, et cela, après 30 conférences COP, où les émissions et les températures ont suivi sensiblement la même trajectoire qu’en l’absence de ces réunions. Ces médias auraient pu se demander si un tel bilan d’erreurs justifiait de continuer à croire que l’ONU serait désormais capable de prédire correctement ses événements, ou si, au contraire, les performances passées de l’ONU incitaient au scepticisme quant à ses déclarations alarmistes actuelles. Au lieu de cela, PBS présente le dernier rapport de l’ONU comme si l’institution n’avait aucun historique de prédictions ou comme si ses prédictions précédentes s’étaient toujours avérées exactes.

En passant sous silence la longue série d’échecs des Nations Unies en matière de climat, en ignorant la baisse spectaculaire des décès liés au changement climatique et en présentant les résultats de modèles spéculatifs comme des fatalités inévitables, PBS et « l’Associated Press » induisent gravement leur public en erreur quant à l’état réel de la planète. Un média véritablement soucieux du bien public examinerait attentivement le bilan de l’ONU et les données disponibles au lieu de relayer sans esprit critique son dernier rapport alarmiste.

Climate Intelligence (Clintel) is an independent foundation informing people about climate change and climate policies.

Article initialement publié sur « Climate REALISM » le 15 décembre 2025.

Anthony Watts

Anthony Watts est chercheur principal en environnement et climat au « Heartland Institute ». Présentateur météo à la télévision depuis 1978, il réalise aujourd’hui des bulletins météo quotidiens à la radio. Il a conçu des systèmes de présentation graphique météorologique pour la télévision, des instruments météorologiques spécialisés et a co-écrit des articles scientifiques sur les enjeux climatiques. Il gère le site web le plus consulté au monde sur le climat, wattsupwiththat.com, un site primé.

Traduction : Eric Vieira

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