La COP30 aborde maladroitement la question difficile et la reporte à l’avenir
Selon David Wojick, le sommet climatique COP30 de Belém s’est terminé sans avoir résolu ses défis les plus ardus, en reportant les décisions sur l’élimination progressive des combustibles fossiles, le financement climatique et les politiques commerciales, jusqu’à ce qu’une « feuille de route future » non spécifiée soit établie.
Cette réunion du comité de police s’est déroulée dans le calme, et à juste titre. Aucun des sujets majeurs qui, d’ordinaire, créent des tensions ne figurait à l’ordre du jour initial. Cette omission des questions les plus controversées était manifestement délibérée. Mais finalement, la situation s’est dégénérée et nul ne sait comment elle va évoluer.
Cette omission flagrante à l’origine du débat, était probablement due à l’influence de Trump, car le principal enjeu réside de loin dans le financement accordé par les États-Unis et d’autres pays dits développés aux pays dits en développement. Avec l’absence des États-Unis en tant que principal donateur, il n’y avait que peu de choses à discuter.
Tout a commencé lorsque l’ordre du jour a été établi à la hâte, sans les débats habituels. Le président brésilien de la COP, Lago, a tout simplement omis d’y inscrire les questions majeures. Il a préféré mettre en place des groupes de discussion qui se tiendraient jusqu’au premier mercredi de la session de deux semaines de la COP.
Mercredi arriva et rien n’avait changé ; les questions furent donc de nouveau reportées à dimanche, alors que la COP était déjà bien avancée. Faute de progrès, ces questions furent finalement inscrites à l’ordre du jour d’une discussion formelle le mercredi suivant, à deux jours de l’échéance.
Le résultat prévisible fut un amas incohérent de déclarations futuristes, ce qui se comprend aisément puisqu’il n’y avait rien de concret à décider. C’est pourquoi peu de chefs d’État se sont déplacés.
Mais un événement majeur s’est produit en cours de route. Le mot-clé qui est apparu était « feuille de route ». Dans chaque situation complexe, on prévoyait une feuille de route pour atteindre un objectif, un jour ou l’autre, souvent sans plus de précision. Mais il n’y avait pas de route, et donc pas de feuille de route. Une feuille de route pour la résolution d’un problème spécifie normalement des méthodes et des étapes clés. Ici, la seule méthode consistait à multiplier les réunions.
Les principaux enjeux étaient les financements massifs en dollars provenant des États-Unis et d’autres pays développés, les mesures commerciales, le renforcement des ambitions en matière de réduction des émissions, la transition hors des énergies fossiles et l’adaptation.
Les mesures commerciales constituent un sujet relativement récent. Elles concernent la mise en place, par l’UE et certains autres pays, de barrières commerciales punitives fondées sur les émissions liées à la production de biens. Bien entendu, les pays utilisant le charbon, notamment la Chine, s’y opposent.
La transition énergétique, visant l’abandon des énergies fossiles, a été particulièrement intéressante car elle a émergé d’un grand nombre de pays malgré une forte résistance. Le groupe africain, notamment, a d’abord insisté sur le fait que, dans un premier temps, l’exploitation des énergies fossiles était essentielle à leur développement économique. Cette vision, à la fois rafraîchissante et réaliste, a fini par être partagée par de nombreux pays.
Alors que le temps pressait, la transition énergétique, et notamment l’abandon des énergies fossiles, est devenue l’enjeu majeur. D’un côté, les radicaux réclamaient une feuille de route précisant la fin mondiale de l’utilisation des énergies fossiles à une date déterminée ; et de l’autre côté, ceux qui s’y opposaient catégoriquement.
Environ la moitié des quelque 200 pays présents se répartissaient entre les deux camps. Mais selon les règles de l’ONU, l’accord doit être unanime ; la moitié représentait donc une minorité assez faible.
L’UE et le Royaume-Uni, avec leur attitude farfelue, ont en réalité mené la danse des radicaux, insistant jusqu’au dernier moment pour que l’accord final inclue cette transition. Heureusement, ce ne fut pas le cas. En fait, les énergies fossiles n’ont même pas été mentionnées, une victoire pour la réalité.
C’est là que cela devient vraiment intéressant, voire crucial. L’engagement en faveur d’une feuille de route pour la transition énergétique et l’abandon de l’énergie fossile ne figurait pas dans l’accord de la COP 30, mais le Brésil a promis une initiative en dehors du processus onusien, s’appuyant sur un plan soutenu par la Colombie et environ 90 autres pays.
C’est un précédent pour le moins surprenant. Comment fonctionne ce nouveau processus ? Est-il en concurrence avec la COP des Nations Unies, établie en 1992 et encadrée par un traité ratifié par tous les pays participants ? Les décisions prises dans le cadre de ce nouveau processus auront-elles une base juridique quelconque ? Il pourrait même finir par remplacer la COP des Nations Unies, que de nombreux pays jugent obsolète. Son fonctionnement reste totalement flou.
En bref, le Brésil a tellement mal géré le processus de la COP au point qu’un nouveau processus, encore flou, est en cours. Suivez CFACT pour suivre cette tragédie rocambolesque.
Cet article a été publié le 24 novembre sur cfact.org.

David Wojick
David Wojick, docteur en philosophie, est analyste politique indépendant et conseiller principal auprès de CFACT. Ingénieur civil et titulaire d’un doctorat en logique et de philosophie analytique des sciences, il apporte une perspective unique aux problématiques politiques complexes. Il se spécialise dans les questions à forte composante scientifique et technologique, notamment dans les domaines de l’énergie et de l’environnement. En tant que spécialiste des sciences cognitives, il mène également des recherches fondamentales sur la structure et la dynamique des problèmes complexes et du raisonnement. Ces recherches alimentent ses analyses politiques. Il a publié des centaines d’articles analytiques, dont plusieurs exemples récents sont disponibles ici.
Traduction : Eric Vieira
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