Le dernier article sur « l’effondrement » de l’AMOC: Est-ce de la fraude scientifique ?

Une nouvelle étude affirme que la circulation méridionale de retournement de l’Atlantique (AMOC) pourrait bientôt s’effondrer, mais selon le Dr Matthew Wielicki, des observations renommées et des publications dans Nature brossent un tableau complètement différent.

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Date: 5 septembre 2025

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Les échos du Climategate dans l’alarmisme climatique

En tant que scientifique publié et ayant publié des articles dans des revues prestigieuses comme PNAS, Science Advances et d’autres, je connais parfaitement le processus d’évaluation par les pairs. Loin d’être parfait – entaché de biais, de retards et de contrôles occasionnels – il demeure la référence absolue pour diffuser rapidement et avec précision des informations expertes et fondées sur des preuves. Cela dit, lorsque l’évaluation par les pairs est instrumentalisé pour promouvoir un narratif, il s’aventure en terrain dangereux. Nous avons déjà constaté ce phénomène au sein de la communauté scientifique du climat, comme je l’ai détaillé dans mon article « Manufacturing Consensus » et comme l’ont révélé les tristement célèbres courriels du Climategate de 2009. Dans ces messages divulgués, le Dr Michael Mann (célèbre pour son graphique en crosse de hockey) évoquait explicitement l’utilisation du système d’évaluation par les pairs pour bloquer les articles dissidents, affirmant qu’ils allaient« redéfinir la littérature évaluée par les pairs » afin d’écarter les opinions remettant en cause le consensus alarmiste.

Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. Un tout nouvel article paru dans « Environmental Research Letters » (ERL), intitulé « Shutdown of northern Atlantic Overturning after 2100 following deep mixing collapse in CMIP6 projections » par Sybren Drijfhout et ses collègues, affirme que la circulation méridionale de retournement de l’Atlantique (AMOC), souvent présentée comme le « tapis roulant océanique » et susceptible de déclencher une catastrophe climatique, serait en voie de s’arrêter après 2100 dans des scénarios à fortes émissions.

L’article s’appuie largement sur des projections de modèles informatiques (CMIP6) et dresse un tableau alarmant d’un effondrement du mélange océanique profond, entraînant un refroidissement extrême en Europe et des perturbations mondiales. Mais voici le problème : il cite de manière erronée un article clé de 2024 sur le courant de Floride (un composant majeur de l’AMOC), qui montre pourtant actuellement une stabilité à long terme, et il omet complètement deux articles explosifs publiés cette année dans la revue « Nature », qui contredisent directement l’idée d’un effondrement imminent de l’AMOC.

Il ne s’agit pas seulement de science bâclée… il est difficile d’imaginer des auteurs, des évaluateurs et des éditeurs expérimentés négliger par accident des travaux aussi récents et prestigieux. Ayant moi-même navigué à maintes reprises dans l’évaluation par les pairs, je peux vous assurer : d’omettre ou de déformer des articles directement pertinents de la même année, en particulier ceux qui torpillent vos affirmations fondamentales, ne passerait jamais le test auprès de mes conseillers pédagogiques, co-auteurs, évaluateurs ou éditeurs. Cela ressemble à une sélection délibérée, ignorant toute donnée qui ne correspond pas au discours alarmiste. Pourquoi ? Parce que ce narratif alimente des milliards de subventions financées par les contribuables en faveur de scientifiques militants, des ONG et des élites mondiales, tout en justifiant un contrôle accru sur la vie quotidienne – de politiques énergétiques à, oui, même, des restrictions sur des choses comme la possession d’un chien dans le cadre de mandats de style de vie « durables ».

Ce n’est pas nouveau. Souvenez-vous du Dr Richard Lindzen (MIT emeritus), dont les critiques de l’alarmisme climatique, évaluées par des pairs, ont conduit au licenciement de rédacteurs en chef ou leur mise sous pression pour qu’ils rétractent des articles. Ou encore de l’ expérience Orwellienne de l’ »American Journal of Economics and Sociology », où un article remettant en cause le consensus a été retiré dans des circonstances douteuses. Les rédacteurs en chef semblent complices, laissant perdurer cette fraude académique, car cela correspond au récit de la « crise climatique ». Les auteurs de l’article de l’ERL s’appuient clairement sur l’idée que l’AMOC a « désespérément besoin d’être sauvée », ce qui pratiquement, fait appel à davantage de financements, de modèles et d’interventions politiques.

Pour les non-scientifiques : l’évaluation par les pairs est comparable à un contrôle de qualité où des experts examinent un article avant publication. Mais lorsqu’elle est manipulée pour exclure des vérités dérangeantes, elle devient un outil de propagande. Dans la section réservée aux abonnés ci-dessous, j’entrerai dans les détails, en détaillant précisément où ces trois articles de Nature (Volkov et al. 2024 sur la stabilité du courant de Floride, Terhaar et al. 2025 sur l’absence de déclin depuis les années 1960, et Baker et al. 2025 sur la circulation continue dans des conditions extrêmes) auraient pu s’intégrer dans l’article de l’ERL, comment les auteurs citent Volkov de manière erronée, en minimisant Baker et en omettant complètement Terhaar, et pourquoi cela sent la fraude scientifique comparable au Climategate. Je montrerai comment ils sélectionnent soigneusement les résultats des modèles tout en écartant les observations du monde réel qui contredisent le battage médiatique autour de l’effondrement.

Une analyse approfondie des omissions, des citations erronées et des pratiques frauduleuses de l’article publié dans ERL:

Entrons dans les détails. Je vais vous expliquer cela étape par étape pour plus de clarté, en partant du principe que vous n’êtes pas un modélisateur climatique, mais que vous souhaitez connaître les faits. L’article ERL de Drijfhout et al. utilise les modèles CMIP6 (simulations informatiques du climat futur selon différents scénarios d’émissions : SSP126 faible, SSP245 moyen, SSP585 élevé, pour prédire un « arrêt » de l’AMOC après 2100. Ils affirment que cela fait suite à un effondrement, au milieu du XXIe siècle, du mélange des eaux profondes dans des régions telles que les mers du Labrador, d’Irminger et les Mers Nordiques, provoqué par le rafraîchissement de la surface (plus d’eau douce provenant de la fonte des glaces et des pluies) et le réchauffement, qui affaiblissent la descente des eaux denses qui alimentent l’AMOC.

Le problème ? Il s’agit d’une spéculation basée sur des modèles, qui n’est pas basée sur des observations. Pire encore, elle cite de manière sélective, minimise ou ignore les données empiriques récentes qui la contredisent. Il s’agit là d’une fraude scientifique classique : présenter un point de vue partial en manipulant les preuves contraires, tout comme l’ont fait les auteurs du Climategate lorsqu’ils ont caché le « déclin » des données sur les cernes des arbres afin de préserver l’illusion du bâton de hockey.

1. Citation erronée de l’article sur le courant de Floride de 2024 (Volkov et al., Nature Communications)

L’article de Volkov et al., intitulé « Florida Current transport observations reveal four decades of steady state » (Les observations du transport du courant de Floride révèlent quatre décennies d’un état stable), utilise 40 ans de données provenant de câbles sous-marins (1982-2022) dans le détroit de Floride, une voie importante de l’AMOC. Ils corrigent pour les changements du champ géomagnétique (auparavant négligé) et ne constatent aucun déclin significatif du transport du courant de Floride. La tendance passe d’une valeur erronée de -0,3 Sv/décennie à une valeur proche de zéro, révélant une « stabilité remarquable ». Ils recalculent les estimations de l’AMOC à 26,5°N (à partir du réseau RAPID) et montrent une tendance négative nettement plus faible qu’on ne le pensait auparavant, remettant en question les affirmations selon lesquelles l’AMOC s’affaiblit.

Dans l’article de l’ERL, Volkov est cité [21] dans la section des résultats : ils notent « une tendance à la baisse de 0,8 Sv par décennie, telle que mesurée par le réseau RAPID-MOCHA [21] » et affirment qu’elle « correspond étroitement à la baisse lissée sur la même période dans les modèles ». Mais cela ignore la conclusion principale de Volkov, à savoir que la tendance est fallacieuse en raison de changements géomagnétiques non corrigés et que la tendance réelle de l’AMOC est beaucoup plus faible. L’ERL utilise la valeur non corrigée pour valider ses modèles, tout en minimisant la conclusion de Volkov sur la stabilité. Ils reconnaîssent également que la tendance n’est « pas ou à peine significative sur le plan statistique », mais s’appuie néanmoins sur elle comme étant « cohérente » avec ses projections alarmistes.

Où cela aurait pu être correctement intégré : dans la section 1 (Introduction) et la section 3 (Résultats), qui traitent des observations de l’AMOC. L’ERL affirme que le transport de chaleur de l’AMOC chute à 20-40 % des valeurs actuelles après l’arrêt, mais Volkov montre que le courant de Floride (qui transporte la majeure partie de la chaleur subtropicale de l’AMOC) est stable, ce qui implique qu’aucun signe avant-coureur d’effondrement n’a été observé. Une citation honnête aurait tempéré leurs affirmations : « Alors que les modèles prédisent un arrêt, les observations récentes après corrections géomagnétiques montrent une stabilité des composants clés [21]… ». Au lieu de cela, ils le citent à tort comme preuve à l’appui. Dans le cadre d’une évaluation par les pairs, un bon évaluateur signalerait cela comme une fausse déclaration, à moins que les évaluateurs ne soient complices.

2. Minimisation de l’article publié en 2025 dans Nature sur la résilience de l’AMOC (Baker et al.)

L’article de Baker et al. intitulé « Continued Atlantic overturning circulation even under climate extremes » (Nature, février 2025) analyse 34 modèles CMIP6 soumis à des forçages extrêmes de gaz à effet de serre et d’eau douce. Ils constatent que l’AMOC est résiliente : la remontée d’eau froide dans l’océan Austral, entraînée par des vents persistants, soutient une AMOC affaiblie dans tous les cas, empêchant ainsi son effondrement complet. Une circulation méridionale de retournement dans le Pacifique (PMOC) apparaît dans la plupart des modèles, mais elle est trop faible pour compenser entièrement, sans pour autant faire disparaître l’AMOC. Cela remet en question l’idée de points de basculement imminents.

Le nouveau document de l’ERL cite Baker [49] dans la discussion : « l’AMOC dans son ensemble ne s’arrête pas complètement à 0 Sv, ce qui correspond à l’évolution des modèles CMIP6 soumis à des changements climatiques extrêmes [49]. » Ils reconnaissent qu’il n’y a pas d’arrêt complet, mais minimisent l’importance accordée par Baker à la résilience et aux mécanismes de stabilisation (par exemple, les vents de l’océan Austral qui empêchent l’effondrement). L’ERL se concentre sur « l’arrêt de l’AMOC nord » (faible renversement en profondeur) comme étant catastrophique, tandis que Baker soutient que le système persiste même dans des conditions extrêmes, ce qui aurait pour conséquence des impacts moins graves.

Où cela passe mieux : dans la section 4 (Discussion et conclusions), où ERL extrapole un « risque significativement plus élevé » d’arrêt. Ils auraient pu discuter des conclusions de Baker : « Bien que nos modèles montrent des états faibles, Baker et al. [49] soulignent une remontée stabilisatrice qui empêche l’effondrement total, suggérant une résilience. » En omettant cette nuance, ERL peut exagérer les risques sans contrepoints équilibrés. Il s’agit d’une fraude par emphase sélective, qui  cite, mais sans les mettre en évidence les implications.

3. Omission totale de l’article publié en 2025 dans Nature Communications (Terhaar et al.)

L’article de Terhaar et al. intitulé « Atlantic overturning inferred from air-sea heat fluxes indicates no decline since the 1960s » (Le renversement atlantique déduit des flux de chaleur air-mer n’indique aucun déclin depuis les années 1960) utilise 24 modèles CMIP6 pour établir un lien entre les anomalies des flux de chaleur air-mer et la force de l’AMOC à l’échelle décennale/centenaire. Ils constatent que les flux thermiques au nord de 26,5-50°N sont étroitement corrélés à l’AMOC via la conservation de l’énergie. À l’aide de données de réanalyse, ils déduisent qu’il n’y a pas eu de déclin moyen décennal de l’AMOC à 26,5°N entre 1963 et 2017, malgré la variabilité, ce qui contredit les affirmations de faiblesse basées sur des modèles.

Le nouvel article de l’ERL ne cite pas du tout Terhaar, malgré sa pertinence directe (publié début   2025, avant l’acceptation de l’ERL en août). Cette omission est flagrante : l’ERL discute du déclin du transport de chaleur (figure 9) et affirme sa cohérence avec les observations, mais ignore la reconstruction empirique de Terhaar qui montre une stabilité.

Où cela passerait : dans le résumé et la section 1, qui traitent des observations/reconstructions de l’AMOC. L’ERL cite Michel et al. pour un « déclin au XXIe siècle », mais omet la contre-preuve de Terhaar. Ils auraient pu aborder le sujet ainsi : « Alors que certaines reconstructions suggèrent un déclin [Michel], d’autres basées sur les flux de chaleur ne montrent aucun déclin depuis les années 60 [Terhaar]… ».

Le silence total à ce sujet est une fraude : il s’agit d’une contre-preuve empirique directe datant de la même année, publiée dans une revue de premier plan. Cela fait écho à la suppression des données gênantes dans le cadre du Climategate.

Pourquoi s’agit-il ici d’une fraude académique et d’une répétition du Climategate

  • Sélection sélective, citations erronées et omissions : la science exige que les contre-preuves soient prises en compte. Ces articles ne sont pas obscurs, ils sont publiés dans Nature et Nature Communications, revue prestigieuse à grande visibilité. De citer de manière erronée Volkov pour soutenir une tendance faible, et en minimisant la résilience de Baker et en ignorant Terhaar, permet l’ERL de présenter ses modèles comme la « réalité » tout en écartant des observations. Le Climategate a révélé des e-mails complotant d’« exclure » des articles ; ici, c’est la même chose, mais par le biais d’une manipulation inappropriée.
  • Utilisation abusive de l’évaluation par les pairs : les évaluateurs/éditeurs auraient dû s’en apercevoir. Mais dans le domaine de la science climatique, les gardiens du « consensus » dominent. Comme indiqué dans mon article « Manufacturing Consensus », cela crée un faux consensus pour justifier le financement. Le discours de l’ERL ? L’AMOC « a besoin être sauvée », sert à justifier davantage de subventions pour la modèllisation, les ONG qui prônent le zéro net et les élites qui contrôlent l’énergie.
  • Dommages dans le monde réel : cette fraude alimente des politiques qui conduisent à la pauvreté énergétique, tout en ignorant les avantages tels que le verdissement du au CO2  (comme le soulignent Lindzen et al. dans leur avis d’expert, PDF).

En fin de compte, les citations erronées flagrantes de l’article de l’ERL, la minimisation des conclusions sur la résilience de l’AMOC et l’omission pure et simple des données d’observation qui témoignent clairement de la stabilité ne sont pas de simples oublis… Il s’agit d’une attaque calculée contre l’intégrité scientifique, qui rappelle la stratégie du Climategate, où la dissidence est étouffée afin de promouvoir l’arlarme. En privilégiant les modèles plutôt que les mesures, ces auteurs militants perpétuent un discours alarmiste qui détourne l’argent des contribuables vers des subventions et des politiques sans fin, tout en ignorant les preuves concrètes que l’AMOC n’est pas au bord de l’effondrement, mais qu’elle fonctionne très bien. Il est temps d’exiger des comptes, de dénoncer cette fraude, de rejeter cette façade de consensus et de reprendre le contrôle de la science de ceux qui l’utilisent abusivement pour l’obtention de pouvoir et de profit.

Traduit par Eric Vieira

Dr. Matthew Wielicki

Cet article a été publié par le Dr Matthew Wielicki le 31 août 2025 sous le titre « Is the Latest AMOC « Collapse » Paper Scientific Fraud? » (Le dernier article sur l’« effondrement » de l’AMOC est-il une fraude scientifique ?) sur son Substack Irrational Fear. Abonnez-vous à son Substack pour lire d’autres articles scientifiques détaillés.

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By |2025-09-05T13:16:10+02:00September 5, 2025|Comments Off on Le dernier article sur « l’effondrement » de l’AMOC: Est-ce de la fraude scientifique ?
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