L’effondrement de la transition énergétique pourrait entraîner une bifurcation mondiale

Selon Vijay Jayaraj, 2025 pourrait rester en mémoire comme l’année où le discours sur la transition énergétique s’est fissuré, révélant un fossé grandissant entre les politiques guidées par l’idéologie et le réalisme énergétique.

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Vijay Jayaraj
Date: 27 décembre 2025

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L’histoire retiendra probablement 2025 comme l’année où les géants de l’énergie ont enfin cessé de faire comme si la crise climatique existait. Pendant une décennie, un théâtre bizarre de l’absurde s’est déroulé, où les titans de l’industrie pétrolière et gazière s’excusaient pour leurs activités principales tout en jurant allégeance à une « transition écologique » qui n’existait que dans l’imagination des bureaucrates occidentaux. Mais le rideau est apparemment tombé.

ExxonMobil, l’un des plus grands producteurs d’énergie au monde, a réduit de 10 milliards de dollars  ses engagements d’investissements à faible émission de carbone d’ici à 2030. Parallèlement, la société a annoncé qu’elle prévoyait une croissance de ses bénéfices de 25 milliards de dollars entre 2024 et 2030, principalement grâce à l’augmentation de sa production de pétrole et de gaz, ce qui portera sa production quotidienne à 5,5 millions de barils équivalent pétrole d’ici la fin de la décennie.

Il ne s’agit pas d’une entreprise qui abandonne sa responsabilité climatique, mais plutôt qu’elle reconnaît enfin ce qui est évident depuis longtemps : la voie prescrite par le complexe industrie climatique est économiquement destructrice et opérationnellement impossible – même avec des subventions publiques massives.

Pendant des années, la stratégie énergétique mondiale a relevé du surréalisme. Les entreprises qui ont bâti le monde moderne grâce aux hydrocarbures à haute densité énergétique ont flatté ceux qui célébraient l’arrivée des éoliennes et des panneaux solaires pour alimenter la civilisation. Mais la réalité, tenace et implacable, a brutalement interrompu cette euphorie.

ExxonMobil affirme que ses investissements bas-carbone seront adaptés au soutien des politiques publiques et la demande des clients. Ce jargon d’entreprise signifie que les dépenses liées aux projets verts sont suspendues tant que l’État ne subventionne pas le risque grâce à nos impôts ou jusqu’à l’émergence d’un marché.

Les mégaprojets, jadis considérés comme l’avenir, sont désormais voués à l’abandon. Pourquoi ? Parce que, sans subventions publiques, l’économie de tenter d’enfouir sous terre un élément nutritif pour les plantes comme le dioxyde de carbone est tout simplement impossible – et défie toute logique.

Le secteur de l’énergie est en train d’abandonner la stratégie du « développement propre à tout prix » au profit du « rendement d’abord, transition en dernier ». Les projets « verts » sont en train d’être relégués au second plan en matière de financement – ​​un geste symbolique de bonne relations publiques plutôt qu’une activité essentielle.

Les géants européens Shell et Aker BP, ainsi que Enbridge au Canada, se sont retirés de « l’initiative Science Based Targets » visant à établir des « réductions d’émissions scientifiquement fondées. » Ce retrait s’apparente à un abandon de ce qui est présenté comme un « cadre crédible et scientifique pour la neutralité carbone », car cela manquait cruellement de crédibilité et de fondements scientifiques. Il s’agissait d’un pacte suicidaire sur le plan politique. Les géants de l’énergie ont regardé le bord du précipice et  ont refusé de sauter.

La multinationale britannique BP, ayant renoncé à sa promesse d’aller « au-delà du pétrole », a augmenté ses dépenses dans le secteur pétrolier et gazier et assoupli ses objectifs en matière d’énergies renouvelables.

ENEOS Holdings, un raffineur japonais, a abandonné ses objectifs de production d’hydrogène , son PDG, Tomohide Miyata, expliquant que « la transition vers une société neutre en carbone semble en train de se ralentir ».

Ces revirements témoignent d’une renaissance du réalisme politique. Les besoins énergétiques ne disparaissent pas parce que les politiciens prononcent des discours lors de sommets sur le climat, que les entreprises allouent des fonds à des programmes ESG ou que les gouvernements tentent de contrôler la consommation et les choix d’appareils électroménagers et de véhicules.

La remise en question d’une transition « verte » vouée à l’échec est une victoire pour la mère célibataire américaine qui peine à boucler son budget chauffage cet hiver, et pour le petit entrepreneur britannique dont  les marges sont anéanties  par des tarifs d’électricité parmi les plus élevés au monde. Et pour les milliards d’habitants des pays en développement, ce changement de cap pourrait être synonyme de salut face à la pauvreté intergénérationnelle.

La question est maintenant de savoir si les gouvernements reconnaîtront ce que les entreprises ont clairement démontré : la transition énergétique n’était qu’une chimère, un leurre enrobé de jargon scientifique et de belles paroles moralisatrices. Ou bien continueront ils à accroître les subventions et les réglementations ?

Il est fort probable qu’une bifurcation se produise : d’une part, les bureaucraties occidentales, notamment en Europe, qui poursuivent leur déclin économique sous le poids des réglementations et des impôts, et d’autre part, des gouvernements pragmatiques, dont beaucoup en Asie, qui recherchent la prospérité grâce à des énergies et des technologies qui fonctionnent.

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Ce commentaire a été initialement publié dans le Daily Caller le 25 décembre.

Vijay Jayaraj

Vijay Jayaraj est chercheur associé à la CO₂ Coalition, à Fairfax, en Virginie. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences de l’environnement de l’Université d’East Anglia et d’un diplôme d’études supérieures en gestion de l’énergie de l’Université Robert Gordon, toutes deux situées au Royaume-Uni, ainsi que d’une licence en ingénierie de l’Université Anna, en Inde. Il a également été chercheur associé au sein de l’unité de recherche sur les océans en mutation de l’Université de Colombie-Britannique, au Canada.                                                                                                                                                                              Traduction : Eric Vieira

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