Le réchauffement climatique passé était plus rapide que celui d’aujourd’hui : le Dryas récent

Dans un récit scientifique clair et concis, Ralph B. Alexander met en lumière comment le Dryas récent s’est achevé par un réchauffement naturel brutal, bien plus rapide que celui que nous observons aujourd’hui. Son article soulève des questions essentielles sur les facteurs à l’origine des changements climatiques abrupts dans l’histoire de la Terre.

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Ralph B. Alexander
Date: 10 décembre 2025

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« Si une hypothèse scientifique contredit l’expérience, elle est FAUSSE. »
Richard Feynman, prix Nobel de physique

Les climatosceptiques évoquent souvent des périodes de réchauffement dans le passé, où les températures mondiales étaient bien supérieures aux températures actuelles, alors que les concentrations de CO₂ étaient plus faibles, pour réfuter l’hypothèse d’une origine humaine du réchauffement climatique actuel. Cette affirmation est cependant rejetée par les partisans de la théorie du changement climatique, qui soutiennent que le réchauffement actuel est bien plus rapide que lors de toutes les épisodes passés.

Cependant, l’histoire regorge d’exemples de changements climatiques rapides, dont certains remontent à la dernière période glaciaire. L’un des mieux documentés est une période de bouleversements climatiques appelée Dryas récent, survenue il y a environ 12 900 à 11 700 ans et qui a temporairement interrompu le processus de réchauffement de la Terre après les périodes glaciaires.

L’effet sur la température et l’accumulation de glace au Groenland est illustré dans la figure ci-dessous, mais un phénomène similaire s’est produit dans tout l’hémisphère Nord. Le Dryas récent tire son nom d’une fleur sauvage, Dryas octopetala , qui prospère dans les climats très froids d’Europe.

Alors que la Terre se réchauffait lentement après la période glaciaire, la température (ligne rouge) a brusquement augmenté, atteignant presque les niveaux actuels, il y a environ 15 000 ans. Cet événement, connu sous le nom de Dryas ancien, est clairement visible à gauche de la figure. Il a été rapidement suivi du Dryas récent, lorsque la température a chuté à des niveaux quasi glaciaires, ce qui a dû être catastrophique pour les premiers humains.

Mais le Dryas récent prit fin brutalement, les températures remontant en flèche pour atteindre les niveaux qu’elles auraient eus sans cette période de refroidissement. Selon de nombreux témoignages (voir par exemple ici et ici ), la température moyenne annuelle mondiale augmenta de près de 10 degrés Celsius (18 degrés Fahrenheit) en seulement 10 ans.

Cela représente une augmentation de 1 degré Celsius (1,8 degré Fahrenheit) en une seule année – bien supérieure au réchauffement climatique moderne, pour lequel la même augmentation de 1 degré Celsius a pris plus de 50 ans.

Cependant, le Dryas récent n’est pas un cas isolé de changement climatique brutal dans le passé de notre planète. Comme je l’ai évoqué dans un article de blog de 2024, les températures au Groenland ont connu des hausses et des baisses soudaines au moins 25 fois durant la dernière période glaciaire, qui s’est étendue d’environ 115 000 à 10 000 ans avant notre ère. Des variations de température similaires se sont également produites en Antarctique, bien que moins marquées qu’au Groenland.

Ces brusques mais brèves poussées de chaleur sont connues sous le nom d’événements Dansgaard-Oeschger (DO), du nom des paléoclimatologues Willi Dansgaard et Hans Oeschger qui ont étudié des carottes de glace prélevées par forage profond dans la calotte glaciaire du Groenland. Ils ont mis en évidence une série de fluctuations climatiques rapides, durant lesquelles la Terre s’est réchauffée jusqu’à des conditions proches de celles des périodes interglaciaires en l’espace de quelques décennies seulement, avant de se refroidir progressivement pour revenir aux températures glaciales des périodes glaciaires.

Ce phénomène est visible sur la figure suivante, qui présente des données de carottes de glace du Groenland et de l’Antarctique ; deux séries de mesures, enregistrées à des endroits différents, sont indiquées pour chaque région. Les rapports isotopiques de O18, O16,  ou δ18O et de 2H, 1H ou  δ2H, dans les carottes servent d’indicateurs des températures de surface passées au Groenland et en Antarctique, respectivement. Le Dryas récent n’est rien d’autre que le dernier d’une série de 25 ou 26 événements de transition D-O survenus au cours des 120 000 dernières années, bien qu’il s’agisse d’un événement particulièrement intense.

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer le Dryas récent. L’hypothèse principale postule que d’énormes quantités d’eau douce ont été déversées dans l’océan Atlantique Nord il y a environ 12 900 ans, sous forme d’icebergs fondant rapidement et détachés de l’immense calotte glaciaire laurentienne qui recouvrait la majeure partie du Canada et le nord des États-Unis.

Cet important afflux d’eau douce aurait perturbé la circulation thermohaline profonde (illustrée ci-dessous) en abaissant la salinité des océans, ce qui aurait freiné la formation d’eaux profondes et affaibli la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC). Finalement, avec la diminution du flux d’eau de fonte, l’AMOC se serait renforcée, permettant au climat de se rétablir.

Un problème avec cette hypothèse réside dans sa chronologie : une seconde vague d’eau de fonte, bien que légèrement moins importante que la première survenue 1 200 ans plus tôt, s’est produite à la fin du Dryas récent. Or, cette seconde vague n’a pas entraîné d’affaiblissement similaire de la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC).

Une autre explication possible est l’hypothèse de l’impact. Selon cette théorie, un gros objet extraterrestre aurait percuté l’atmosphère, se fragmentant et frappant diverses régions du globe il y a 12 900 ans. Ces fragments auraient déclenché des incendies de forêt d’une ampleur considérable et même provoqué plusieurs extinctions d’espèces.

Les partisans de cette hypothèse mettent en avant des couches géologiques appelées « tapis noirs », ainsi que la formation de nanodiamants, comme preuves d’événements incandescents passés. D’autres, en revanche, rejettent ces affirmations, estimant qu’il est tout aussi probable que des éruptions volcaniques en soient la cause.

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Cet article a été publié le 8 décembre par Science Under Attack.

Traduction: Eric Vieira

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By |2025-12-10T22:41:57+01:00December 10, 2025|Comments Off on Le réchauffement climatique passé était plus rapide que celui d’aujourd’hui : le Dryas récent
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